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donderdag 9 februari 2023
Vous n'en trouverez jamais en supermarché
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Chère lectrice, cher lecteur,
C’est exactement la même plante séchée que vous voyez dans mes deux mains :
Je sais, on ne dirait pas comme ça... Mais dans les deux cas, c’est du thym, bien sec.
À gauche, celui qu’on voit souvent dans les supermarchés. Il vient de Pologne, il a un parfum de poussière à l’ouverture.
À droite, le thym sauvage que vous pouvez cueillir l’été dans les
champs. Même sec, son odeur de garrigue remplit la cuisine quand
j’ouvre mon bocal. Doux, chaud, herbacé. Il me réchauffe la gorge.
Vous pouvez avoir le même chez vous.
C’est juste que… ce thym en fleurs ne s’achète nulle part 😃
Il se cueille !
Vous ne trouverez pas d’herbes comme ça dans les magasins
Mes plantes aromatiques, je ne les achète plus.
... je les cueille moi-même,
... je les sèche moi-même,
et je les conserve moi-même !
C’est grâce à ça que leurs vitamines et leurs couleurs restent intactes.
Voilà à quoi elles ressemblent :
Si vous avez déjà essayé, vous savez : leur goût est incomparable. Il imprègne chaque plat, rien qu'avec une petite pincée.
Ces plantes sont meilleures pour nous parce que plus concentrées en nutriments. Prenez mon thym sauvage, il est :
2 fois plus riche en huiles essentielles que son cousin polonais [1]
Plus efficace en tisane, justement parce que ses propriétés dépendent
en grande partie de sa richesse en huiles essentielles. Je le prends
quand j’ai un petit début de rhume, c’est redoutable. [2]
C’est logique quand on y pense :
Leurs racines ont grandi dans un bon sol vivant, nourri d’échanges entre les vers de terre, les champignons, les micro-organismes …
Elles ont poussé à la lumière du soleil, arrosées de temps en temps par une bonne eau de pluie
C’est tout un écosystème qui a assimilé pour elles un maximum de phosphore, de carbone, de minéraux, d’acides aminés…
Et tout ça se retrouve à la fin dans notre assiette !
Beaux légumes pleins d’eau
Il suffit de voir la tête du « thym poussière », dans nos herbes
et nos légumes de supermarchés, à force d’OGMs, de pesticides, et de
récoltes trop précoces… il y a de moins en moins de nutriments. [3]
Je parle ici de minéraux, vitamines, enzymes. Entre 1960 et aujourd’hui,
dans presque tous les légumes les nutritionnistes parlent de « moitié moins de bêtacarotène, baisse de 38% de la vitamine C, richesse en fer divisée par 4… » [4]
C’est triste, mais c’est vrai : les sols cultivés se meurent peu à peu.
Et les légumes qu’on nous vend leur ressemblent … Beaux mais fatigués. Pleins d’eau.
1 poignée de pissenlit = les vitamines de 2 carottes
Ces vitamines qui ont disparu des cultures, les plantes en sont bourrées à l’état naturel. [5]
Certains prés, sous-bois, forêts n’ont pas été dénaturés par nos techniques industrielles.
Aucune machine, aucune modification génétique ou traitement chimique ne les a abîmés.
Dans une seule poignée de ces belles feuilles de pissenlit, vous avez :
5 fois plus de bêta carotène que dans une carotte cultivée (5850 microgrammes contre 1380) [6]
2,5 fois plus de fer que dans la même quantité d’épinards (3,1 mg contre 1,30) [7]
2 fois plus de potassium que dans une poignée de salade verte (397 mg contre 200).
Dans 100 g d’orties : [8]
Autant de calcium que dans un yaourt
Presque autant de protéines que dans un œuf (8g contre 10g)
Et pour couronner le tout, une bonne dose de silice, qui aide à bien assimiler tous ces bons nutriments.
Je pourrais vous parler de dizaines d’espèces, la règle se vérifie presque à chaque fois.
Dans nos champs, les herbes ont gardé les enzymes, les vitamines, les
minéraux qui disparaissent progressivement des plantes cultivées. [9]
Alors qu’est-ce qu’on attend pour les cueillir ? 😃
Sur le chemin des courses, vous avez probablement écrasé de quoi vous faire une entrée pour deux.
Rien que ce matin, en marchant 20 minutes, j’ai trouvé ces pousses-là :
Deux pieds de picride, de quoi faire une base de salade
Une rosace de pissenlit, qui relève le tout avec un peu d’amertume
Quelques feuilles de plantain, pour assaisonner la vinaigrette ;
Deux tiges d’achillée pour le petit goût camphré
Une dizaine de feuilles d’orties pour les protéines
Presque de quoi me faire une salade complète. Uniquement avec des herbes qui poussent près de chez moi.
Et pourtant je vis en zone habitée, comme vous !
C’est seulement le dimanche que j’ai le temps d’aller dans les champs, les bords de chemins peu fréquentés, les forêts.
Emmenez seulement un panier, un couteau et des bottes
Alors imaginez-vous faire vos courses autrement : pas chez Auchan, pas chez Carrefour…
Directement dans les champs.
Un matin, à 11h, vous prenez un large panier.
Vous mettez des bottes ou des baskets, ce que vous avez, de quoi vous
frayer un chemin dans le champ, le parc, ou la forêt la plus proche.
Dans la poche droite de votre manteau, vous glissez un petit canif.
L’air est encore frais, ce qu’il faut d’humidité pour que les plantes ne s’assoiffent pas.
Vous jetez un coup d’œil autour de vous ; le soleil monte dans le ciel.
Le panier se remplit vite : le serpolet, les fleurs de sureau, l’oseille sauvage pour la soupe de midi.
Votre panier commence presque à déborder de belles tiges fraîches.
Alors vous rentrez, vous lavez vos trouvailles.
Un bon bain d’eau claire, elles sont prêtes à manger.
Et si vous avez les bonnes techniques de séchage, vous les gardez. Pour toute l’année !
Beignets de fleurs d’acacia, farine de glands, sirop de sureau…
On ne voit plus beaucoup de gens qui « cueillent » encore ce qu’ils mangent. L’idée semble farfelue.
Pourtant, c’est exactement comme ça qu’on vivait dans les campagnes, avant !
Cueillir des pissenlits pour la salade du midi, faire ses provisions d’aubépine pour bien dormir…
Ce n’est pas une activité d’excentrique : c’est du bon sens.
Et pas besoin d’un doctorat en botanique pour vivre comme ça. Ma
grand-mère Louise qui cueillait toutes ces plantes n’avait rien d’une
scientifique, pourtant elle connaissait sûrement la forêt aussi bien qu’eux.
Les anciens de mon village n’étaient pas des « grands experts », ils
n’avaient pas des bacs + 5 en agronomie, ou des outils de pointe : ils faisaient avec ce qu’ils avaient sous la main, grâce au savoir qui circulait de famille en famille.
de la farine de glands
des beignets de fleurs d’acacia
des soupes de châtaignes
de la confiture de cynorrhodon
du sirop de violettes
de la gelée de mûres sauvages…
Les recettes se transmettaient simplement de générations en générations !
Comme des évidences.
Compliqué de se lancer tout seul
Bien sûr, quand on commence, tout n’est pas aussi facile.
« Mais le pissenlit, ça se ramasse aussi en hiver, à ton avis ? »
« Tu crois que c’est de la carotte sauvage, ça ? Parce que ça ressemble quand même beaucoup à de la cigüe »
« La racine, là, ça se mange aussi ? »
Ces questions que vous vous posez, je les connais, je me les suis posées avant vous.
Où exactement il faut faire sécher ses herbes et combien de temps ;
Comment on fait pour cueillir des orties sans se piquer ;
Comment on reconnaît les châtaignes qui sont déjà « mangées » de l’intérieur
A quelle heure de la journée il vaut mieux partir en cueillette pour garder le bon goût des herbes ;
Comment enlever l’amertume du pissenlit…
Moi, c’est ma famille qui m’a appris tout ça.
Mais je sais que c’est une chance, que ce savoir se perd peu à peu : vous êtes nombreux à me l’écrire tous les jours.
Mon ami Antoine a essayé la cueillette « à l’instinct », son estomac s’en souvient
C’est vrai que les recettes anciennes et les conseils se sont perdus. Alors beaucoup essaient de se lancer tout seuls.
Un de mes amis, qui s’appelle Antoine, a voulu apprendre sur le tas :
l’été dernier, il est parti cueillir tout seul une après-midi, avec son
gros livre de botanique de 500 pages à la main.
Le problème… c’est qu’il n’en comprenait pas la moitié.
Capitules, folioles, akènes...
C’était un peu du chinois pour lui.
Résultat ; il a rempli son panier de plantes qui « ressemblaient pas mal à la photo ».
Et sans trop savoir, il a décidé de se faire une petite salade avec ses récoltes.
Je ne vais pas trop rentrer dans les détails, mais je peux vous dire
qu’il a passé le jour d’après… à rejeter ce qu’il avait avalé. 😃
Apprenez à cueillir avec moi
Moi aussi, j’ai fait ces erreurs là (et beaucoup d’autres) au début.
Aujourd’hui je peux vous les épargner.
Ça m’a pris des années, je me suis trompée, j’ai eu des doutes… Mais
j’ai continué à apprendre les conseils de ceux qui « savaient ».
Maintenant, je sais cueillir !
Je sais sécher, je sais préparer toutes ces plantes sauvages. Je peux
vous expliquer ces termes techniques que je ne comprenais pas il y a
bien des années.
Et j’ai envie de partager ça avec vous.
C’est pour ça que je vous écris...
Vous me le dites, mes lettres vous aident… ça me va droit au cœur !
Et vos questions sont de plus en plus nombreuses ! Vous demandez toujours plus de précisions !
Vous avez bien raison d’être « demandeurs » comme ça !
Car la cueillette n’est pas un loisir qui s’improvise.
Il y a effectivement des précautions à prendre, des techniques à adopter
pour bien couper, bien sécher, bien préparer. Il y a aussi des « trucs »
à connaître pour aller plus vite, être plus efficace.
Et si vous voulez mieux vous nourrir et mieux prendre soin de votre santé avec vos cueillettes, ce qui est l’objectif… eh bien… ça s’apprend aussi !
Comme je l’ai appris de ma grand-mère Louise, et de mes maîtres François Couplan, Francis Hallé, Pierre Lieutaghi.
Je me dis que je dois vous transmettre ce que je sais faire de manière plus organisée et détaillée.
Avec des fiches-guides à emmener en cueillette pour être sûrs de ne pas vous tromper.
Avec des modes d’emploi remplis d’images, des schémas, des techniques
pour choisir, conserver, sécher, préparer, consommer, utiliser ces
plantes.
Avec des notices pour vous accompagner à chaque étape :
le couteau à la main dans les champs,
dans le bac d’eau de votre cuisine,
dans votre assiette quand vous mangerez,
près de vos casseroles quand vous ferez vos purées, vos pestos, vos confitures, vos hachis,
à vos bocaux de conservation, quand vous fabriquerez vos remèdes naturels.
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