Traitement précoce de la Covid-19 : la colchicine offre un espoir à confirmer
| 26 janv.
2021 | par Caducee.net | | Partager
La colchicine,
un anti-inflammatoire puissant
Extrait des fleurs de colchique, la colchicine est
un alcaloïde puissant qui se présente sous la forme de comprimé à avaler. Ce
médicament est indiqué dans le traitement et la prévention des crises de
goutte, la maladie périodique, la maladie de Behçet et le traitement de la
péricardite aiguë idiopathique. Si ce médicament est délivré uniquement sur
ordonnance, c’est avant tout pour éviter les risques de surdosage, car la marge
entre la dose thérapeutique et la dose toxique est très étroite. Dans le
traitement de la goutte, la posologie est habituellement de 1 à
3 comprimés de 1 mg par jour. La dose toxique est voisine de
10 mg par jour et au-delà de 40 mg jour, la dose serait constamment
mortelle selon les RCP.
Si la colchicine ne doit jamais être administrée
sans avis et prescription médicale, elle présente néanmoins un bon profil de
sécurité et est largement utilisée dans le traitement de la goutte. Elle par
ailleurs relativement bon marché avec une boite de 20 comprimés qui en
France coute moins de 5 €.
En avril 2020, Le Dr Jean-Claude Tardif,
directeur du centre de recherche de l’Institut de Cardiologie de Montréal,
cherche à évaluer l’efficacité de la colchicine comme modulateur de la réponse
inflammatoire et immunitaire des patients COVID-19 qui se traduit souvent par
une libération massive de cytokines particulièrement dévastatrice pour
l’organisme.
Le Dr Tardif, met alors en œuvre l’étude COLCORONA
et cherche à recruter 6000 sujets présentant au moins un facteur de
comorbidité (hypertension, diabète, BPCO/asthme, insuffisance cardiaque,
maladie coronarienne…)
Une étude « sans
contact »
COLCORONA est une étude clinique « sans contact »,
randomisée, à double insu et contrôlée par placébo. Elle a été déployée en
ambulatoire au Canada, aux États-Unis, en Europe, en Amérique du Sud ainsi
qu’en Afrique du Sud. Elle vise à déterminer si la colchicine pouvait réduire
les risques de complications sévères liées à la COVID-19 et notamment la
« tempête inflammatoire » provoquée par « l’orage de cytokines ».
COLCORONA a été menée auprès d’environ
4 500 patients atteints de la COVID-19 n’étant pas hospitalisés au moment
de l’inclusion, avec au moins un facteur de risque de complications de la
COVID-19.
Les patients dont le diagnostic était confirmé par
un test PCR recevaient soit de la colchicine à hauteur de 0,5 mg deux fois
par jour pendant 3 jours et une fois par jour les 27 jours suivants
soit un placebo. Des consultations de suivi étaient ensuite menées à distance
par téléphone ou en vidéo à j 15 et j 30 après le début du traitement.
Pour l’ICM, il s’agit de la plus grande
étude à l’échelle mondiale testant un médicament administré oralement chez les
patients non hospitalisés avec la COVID-19.
Des résultats
prometteurs pour la colchicine dans la Covid-19
Selon le Dr Tardif, les résultats ont démontré que
la colchicine réduisait de 21 % le risque de décès ou d’hospitalisations
chez les patients atteints de la COVID-19 comparativement au groupe placébo. « Ce
résultat obtenu pour l’ensemble des 4 488 patients de l’étude approchait
la signification statistique. L’analyse des 4 159 patients dont le
diagnostic de COVID-19 était prouvé par un test nasopharyngé (PCR) a montré que
la colchicine réduisait de façon statistiquement significative le risque de décès
ou d’hospitalisations comparativement au placébo. Chez ces patients avec
diagnostic prouvé de COVID-19, la colchicine a entraîné des réductions des
hospitalisations de 25 %, du besoin de ventilation mécanique de 50 %,
et des décès de 44 %. Cette découverte scientifique majeure fait de la
colchicine le premier médicament oral au monde qui pourrait traiter les
patients en phase préhospitalière. »
« Notre étude a montré l’efficacité du traitement
utilisant la colchicine pour prévenir le phénomène de “tempête inflammatoire
majeure” et réduire les complications liées à la COVID-19 »
Des données
dont la fiabilité reste à confirmer
Si l’espoir de soulager les systèmes de santé avec
la colchicine comme traitement précoce bon marché est réel, il demeure d’autant
plus mince que l’étude est visiblement incomplète et qu’elle n’a pas encore été
publiée dans une revue scientifique.
Le Pr Mathieu Molimard, chef du service de
pharmacologie médicale au CHU de Bordeaux explique pour LCI « Il ne s’agit
pas d’une étude complète. À la base, elle devait porter sur
6 000 patients. Or, ce n’est pas le cas. C’est un peu comme donner les
résultats d’un tiercé à la mi-course ». Il met également en doute la
fiabilité des données de l’étude qui se contentent d’approcher le seuil de la signification
statistique sans pour autant l’atteindre. « Pour qu’une étude soit
considérée comme fiable, le seuil est fixé à 5 %. Au-delà de ce
pourcentage, on estime que la fiabilité des résultats n’est pas suffisante pour
en tirer des conclusions ».
D’autres médecins, comme Steven E. Nissen
regrette sur Medscape la communication trop vague de l’ICM qui ne
mentionne dans son communiqué de presse ni les rapports de risque, ni
les intervalles de confiance, ni les valeurs P.
La société Française de Pharmacologie
dénombre 27 études dans le monde testant
l’efficacité de la colchicine chez des patients infectés par le Sars-CoV-2,
notamment dans l’étude britannique RECOVERY. Dans un avis mis
à jour le 16 janvier 2021, elle publie « En l’état actuel des
connaissances, l’efficacité de la colchicine dans la prévention ou le
traitement des infections à COVID-19 n’a pas été démontrée. Son utilisation ne
peut donc pas être recommandée au vu des données actuelles pour le traitement
de la COVID-19. Des études de plus grande ampleur et de meilleure qualité
méthodologique sont nécessaires pour démontrer l’efficacité éventuelle de la
colchicine dans la prise en charge de la COVID-19. »
Pour répondre à ses détracteurs, l’ICM
explique que la publication scientifique est en cours de rédaction et sera
soumise dans les prochaines semaines dans une revue à comité de lecture.
Feu vert en
Grèce pour la colchicine dans le traitement ambulatoire de la Covid-19
Si pour certains médecins déjà échaudés par le
débat sans fin sur l’hydroxychloroquine, la communication de l’ICM suscite une
certaine défiance, ce n’est visiblement pas le cas de l’Agence grecque des
médicaments qui a donné lundi 25 janvier son feu vert pour la
prescription de la colchicine dans le cadre de la Covid-19.
Si pour le moment, cette autorisation se limite au
traitement à domicile des patients de plus de 60 ans, elle pourrait
néanmoins être étendue rapidement aux patients covid présentant des facteurs de
comorbidités cardiaques ou respiratoires.
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de confiance , Placebo , Cytokines , Diabète , Hypertension
artérielle , Péricardite , Maladie de
Behçet
Covid-19 : la colchicine réduit le risque
d'hospitalisation et de décès, selon l'étude Colcorona
Volume 90%
Le responsable de l'étude Colcorona, le docteur
Jean-Claude Tardif répond à nos questions sur le traitement par la colchicine
de patients touchés par le Covid-19.
28 JAN 2021
Mise à jour 28.01.2021 à 14:08
par
L’Institut de Cardiologie de Montréal (ICM) a annoncé,
le 22 janvier 2021, que son étude nommée "Colcorona" démontre que la
colchicine est efficace pour traiter les patients non-hospitalisés atteints du
Covid-19. Mais ce médicament à marge thérapeutique étroite est aussi un poison
si la dose n'est pas bien respectée. Explications et entretien avec le docteur
Jean-Claude Tardif, directeur du Centre de recherche de l’ICM.
C'est peut-être une éclaircie dans le ciel
très sombre de la pandémie de coronavirus : un médicament permet de "réduire de façon statistiquement
significative le risque de décès ou d’hospitalisations des personnes touchées
par le Covid-19", selon l'Institut de cardiologie de Montréal (ICM). Ce traitement à base de colchicine, administré
oralement à des personnes positives au coronavirus pourrait devenir "le premier
médicament oral au monde de traitement des patients en phase
pré-hospitalière", toujours selon l'ICM . La colchicine
est un puissant anti-inflammatoire, utilisé depuis très lontemps pour le
traitement de la goutte. Mais la colchocine est aussi un poison : la dose
thérapeutique est proche de la dose toxique, ce qui signifie que sa
concentration dans l'organisme peut être très vite dangereuse avec des effets
indésirables graves pour le patient.
Extrait de l'article
"Ce qu’il faut savoir sur la colchicine", sur le site du Réseau
français des centre régionaux de pharmacovigilance — RFCRPV
La colchicine est un alcaloïde extrait
d’une plante, le colchique et appartient à la famille des « poisons du fuseau ».
Elle agit en diminuant l’inflammation et en
freinant la production d’acide lactique en maintenant le pH local normal. En
effet, l’acidité favorise la précipitation des cristaux d’urate, point de
départ de la crise de goutte. La colchicine agit également en bloquant la division
cellulaire ce qui explique notamment sa toxicité digestive et hématologique, les cellules gastriques et de la moelle osseuse étant à
forte division cellulaire.
La colchicine est un médicament à marge thérapeutique étroite, ce qui signifie que toute variation de sa concentration dans votre organisme,
même légère, peut éventuellement entraîner des effets indésirables,
potentiellement graves. En d’autres
termes, la dose thérapeutique est proche de la dose toxique.
En
France, la colchicine est
disponible :
·
seule dans
la spécialité Colchicine
Opocalcium® (comprimés à 1 mg)
·
en associa